Harcèlement condamné !!

Il harcelait sa nièce pour
qu’elle ne parle pas aux garçons

Fatima (*) est arrivée en France à l’âge de 10 ans pour y suivre ses études. Depuis, cette Algérienne de 17 ans vit chez ses grands-parents maternels, à Chelles. Mais ces derniers mois, cette lycéenne, excellente élève, vit un calvaire à cause de son oncle, qui n’a de cesse de l’insulter et de la surveiller. Une situation oppressante qui lui a fait perdre huit kilos.

L’oncle est allé jusqu’à suivre la jeune fille dans son lycée pour demander qu’on ne la laisse pas sortir en récréation -de peur qu’elle parle aux garçons- et à découper ses sous-vêtements. C’est en septembre 2015 que l’adolescente en sanglots a raconté son calvaire à l’infirmière et à la conseillère pédagogique d’éducation de son lycée.

Plusieurs signalements ont finalement abouti à la comparution du tonton, âgé de 31 ans, devant le tribunal correctionnel de Meaux, condamné à deux ans de prison, dont un ferme, sans mandat de dépôt, vendredi, pour violence et harcèlement. Le substitut du procureur Marine Paré avait requis un an de prison, dont six mois ferme, sans mandat de dépôt, à l’encontre de cet « homme psychorigide ».

« C’est quoi une pute pour vous ? », lui a demandé la présidente Pascale Piera. Très agacé de se retrouver à la barre devant des juges, le prévenu a donné sa définition : « C’est une fille qui parle avec des garçons. J’avais vu ma nièce avec un drogué en bas de la cité ». Réponse surprenante quand on sait qu’il a déjà été condamné dans des affaires de stupéfiants et qu’il fume plusieurs joints par jour ! La nièce, que le reste de sa famille -et notamment ses grands-parents- protège, a résumé l’opinion de son oncle : « Pour lui, les filles de mon âge doivent être voilées ». De quoi le faire bondir : « Ce n’est pas vrai. Je ne fais ni le ramadan, ni la prière ! »

Son avocate Me Sarah Desmoulin a cherché à l’humaniser : « Mon client n’a pas fait d’études, il n’a pas de travail. Il ressent peut-être violemment qu’il est celui dont on a honte dans la famille ». La présidente l’a rappelé au prévenu : « Votre nièce n’a pas l’air dévergondé. Et même si elle l’était, ça la regarde ». Et la magistrate de s’adresser à la jeune fille : « On parle de l’exercice de votre liberté. Vous êtes courageuse ».

(*) Le prénom de la victime a été modifié.

Guénaèle Calant

(Source : Le Parisien - Edition 77 Nord - 21 novembre 2016)

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