La journaliste tchétchène explique la liberté aux lycéens

Journaliste tchétchène en exil, Zara Mourtazalieva a raconté ce mercredi ses huit ans d’incarcération en Russie aux élèves migrants de la classe UPE2A du lycée Louis-Lumière de Chelles, pour les sensibiliser à la liberté d’expression et de la presse.

« La France donne une seconde chance aux gens qui se sont exilés de leur pays, comme c’est notre cas à tous. » C’est le message qu’a tenu à faire passer Zara Mourtazalieva, mercredi, aux élèves de la classe UPE2A, une unité d’accueil pour migrants, du lycée professionnel Louis-Lumière de Chelles. Pendant près de deux heures, la journaliste tchétchène exilée en France a raconté aux 24 élèves ses huit ans et demi d’enfer dans la prison de Mordovie en Russie, où elle a été incarcérée.

« En 2004, j’avais 20 ans et je n’avais alors pas du tout l’intention de devenir journaliste. J’avais fait des études de linguistiques et j’avais commencé à travailler dans une compagnie d’assurances. Je tenais simplement un blog sur le conflit en Tchétchénie. Un beau jour, on m’a arrêtée car j’aurais soi-disant planifié une attaque terroriste contre un hôtel. »

Débute alors un calvaire que la journaliste narre dans son livre Huit ans et demi. Les sévices, le travail forcé, les passages à tabac… elle raconte aussi à ces lycéens venus des quatre coins du monde son quotidien de prisonnière politique dans les colonies pénitentiaires du régime de Vladimir Poutine. Le cauchemar s’achève avec sa libération et son exil en France en 2012.

Objectif de cette rencontre organisée par la Maison des journalistes : sensibiliser ces adolescents arrivés en France il y a peine un an aux principes la liberté d’expression et de la presse. « A travers ce projet pédagogique, nous montrons à ces lycéens, qui ont immigré pour des raisons économiques ou politiques, l’expérience d’une adulte dont le parcours ressemble en partie aux leurs », explique Sabine Oulion, leur professeure de français.

Cette rencontre était aussi l’occasion pour Zara Mourtazalieva de répondre à leurs questions sur l’indépendance de la presse, le respect des droits et la persécution des homosexuels en Russie.

« Je n’imaginais pas que l’on puisse être autant contrôlé et surveillé dans ses déplacements en Russie. Apparemment les étrangers sont très mal vus là-bas. Finalement, mon pays n’est pas si différent de la France », s’étonne Kari, un Ivoirien de 16 ans arrivé il y a moins d’un an en France pour des raisons économiques.

Hendrik Delaire

(Source : Le Parisien - Edition 77 Nord - 18 mai 2017)